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Message du curé en ce 4ème dimanche de l’Avent

Message du curé en ce 4ème dimanche de l’Avent

Dimanche 20 décembre 2020

Le quatrième dimanche de l’Avent nous invite à rencontrer quelqu’un de connu dans l’histoire, de présent dans les prières, de représenté en peintures et sculptures : Marie. Il lui est arrivé ce qu’il advient aux personnes exceptionnelles : leur vie réelle est souvent cachée et encombrée par des légendes, des histoires, des traditions. Qui était vraiment Marie, avant de devenir une statue, une prière, une sainte ? Pour répondre à cette question, il convient d’emprunter le chemin des Évangiles et découvrir Marie, modèle de vie et de foi. Le modèle, ne l’oublions pas, n’est pas source de reproduction mais d’inspiration : il montre que ce qui a été rêvé est possible parce que quelqu’un l’a réalisé à sa manière. La construction d’un monde plus juste et plus humain est possible, puisque certain.e.s l’ont fait. L’Évangile peut changer une vie en soi et autour de soi, puisque des témoins d’hier et d’aujourd’hui soutiennent l’espérance, sont signes d’unité, rétablissent des ponts, abattent les murs, sèment la réconciliation. Marie nous redit que les événements de la Visitation, de la Nativité, de la Présentation, des Noces de Cana, de la Croix, de la Résurrection et de la Pentecôte ne sont pas figés dans l’histoire, ils se renouvellent au quotidien, en nous, autour de nous, grâce à nous ; nous en demeurons témoins étonnés et acteurs étonnants.

Avant d’être sculptée, peinte, priée, Marie a été fille et femme de l’ordinaire, du quotidien d’un village peu connu, Nazareth. Marie, la femme qui vit à Nazareth, qui a des voisines de conversation et de préoccupation, qui va au marché, qui rencontre sa cousine Élisabeth, qui partage ses questions sur l’éducation, la vie et le village avec d’autres mamans. Elle est l’épouse de Joseph, le charpentier, la mère de Jésus, enfant et jeune parmi les autres. Avec Marie, nous redécouvrons que l’essentiel se vit au quotidien, dans les gestes simples de la vie familiale, relationnelle, sociale, dans un village avec ses soutiens et ses limites, avec des événements de joie et de tristesse. C’est dans le quotidien et dans la vie ordinaire, que se réalise l’extraordinaire de l’amour, de l’amitié, de l’espérance. Le « merci » de l’Annonciation a été prononcé dans l’ordinaire de la vie de Marie, il l’a profondément transformé. Notre foi est incarnée, elle habite le quotidien de nos joies, de nos questions, de nos souffrances, de nos attentes. La foi chrétienne ne se vit pas confinée dans les sacristies, ni dans les églises, ni même dans des certitudes ou des traditions ; elle ne rend pas les séparations moins douloureuses, les souffrances plus légères, elle les habite d’une espérance et d’une présence qui ouvrent des horizons vers un possible. Se mettre à l’école de Marie, c’est vivre le quotidien dans ses pesanteurs, ses joies, ses décisions ; c’est aussi contribuer, humblement et patiemment, à construire et à épanouir la vie, chaque jour.

C’est dans un quotidien difficile que des témoins et des modèles de courage et d’espérance se lèvent. Parmi ces témoins, retenons Alexandre Jollien, handicapé par une infirmité motrice cérébrale, philosophe et écrivain suisse. Lisez ou relisez son petit ouvrage intitulé Le métier d’homme (Seuil, 2002) ; il nous invite à habiter le quotidien sans se résoudre à la fatalité. « Sacré métier d’homme ! Joyeux et austère, il réclame un périlleux investissement de tous les instants. […] Le combat et la joie qui surgissent d’une blessure assumée au quotidien invitent à recommencer sans cesse, à renouveler l’effort, à se remettre en marche et à bâtir sur sa faiblesse. Bien des fois, on l’espère vaincue. On veut se hâter et tourner la page. Mais les plaies reparaissent et traversent l’existence. Et je dois me battre contre l’esprit de pesanteur. […] Sacré métier d’homme, je dois être capable de combattre joyeusement sans perdre de vue ma vulnérabilité ni l’extrême précarité de ma condition. Je dois inventer chacun de mes pas et, fort de ma faiblesse, tout mettre en œuvre pour trouver les ressources d’une lutte qui, je le pressens bien, me dépasse sans toutefois m’anéantir. […] Le tragique de l’existence rappelle qu’il faut célébrer les occasions de jubiler et de faire jubiler. Offrir la joie là où s’imposent d’aventure la pitié et la tristesse. Lutter pour la vie, ne pas macérer dans le mépris. S’appuyer sur les mille petites joies de notre condition. Le métier d’homme, sujet grave austère parfois, réclame donc un engagement constant, une légèreté qui veut jeter un regard neuf sur le monde » (p. 89-91).

Dans le quotidien, le nôtre comme celui de Marie à Nazareth, chaque geste, chaque action, chaque événement sont importants. Chacun à sa manière contribue à changer le monde et la vie. Après l’histoire des deux loups de la semaine dernière, méditons une autre légende amérindienne, celle colibri. « Un jour, il y eut un immense feu de forêt. Tous les animaux terrifiés, atterrés, observaient impuissants le désastre qui s’étendait sous leurs yeux. Seul le petit colibri s’activait, allant chercher quelques gouttes avec son bec pour les jeter sur le feu. Après un moment, le tatou, agacé par cette agitation qui lui semblait dérisoire, lui dit : ‘Colibri, t’es pas fou ? Ce n’est pas avec des gouttes d’eau que tu vas éteindre le feu !’ Et le colibri lui répondit : ‘Je le sais, mais je fais ma part’ ». Quelques siècles plus tard, Mère Teresa, disait : « Nous réalisons que ce que nous accomplissons n’est qu’une goutte dans l’océan. Mais si cette goutte n’existait pas, elle manquerait ».

À l’école de Marie, vivre à Nazareth, c’est vivre le quotidien en l’habitant d’une Présence et d’une Prévenance qui donnent force et espérance. C’est accepter d’être les colibris de la vie, de la générosité, de la fraternité. Ce quotidien, c’est toi, c’est moi, c’est nous !

Pour télécharger ou lire la suite du message, merci de bien vouloir cliquer sur le lien ci-dessous :

Message du curé_cpstm_20_12_2020